Parachat Houqat
La reconnaissance
"Myriam mourut et fut enterrée là bas. Il n'y avait plus d'eau pour le peuple."(bamidbar 1,2)
Quel est le lien entre ces deux versets?
Dans son commentaire Rashi nous l'explique:
Nous apprenons à travers ce verset que pendant les 40 ans du désert, les Bnei Israel n'ont pu avoir de source d'eau que par le mérite de Myriam et c'est le lien entre les deux versets precités (mort de Myriam et manque d'eau).
Dans la guemara de Taanit (ch 9) il est écrit:
"Rabbi Yossi de la part de Rabbi Yehouda dit: "Dans le désert il y avait trois bons nourriciers pour le peuple : Moche, Aaron et Myriam avec 3 cadeaux entre leurs mains ; la source d'eau chez Myriam; la nuée protectrice chez Aaron et la manne chez Moche Rabbenou."
A la mort de Myriam la source d'eau disparut.
Pourquoi? Le Keli Yakar nous donne la raison : le hesped( oraison funèbre) de Myriam fut baclé car pour Moche et Aaron il est écrit "Les Bne Israel les pleurèrent". Myriam fut vite oubliée ce qui provoque l'arrêt des sources d'eau.
Comment en est-on arrivé là?
40 ans d'eau sans reconnaissance aucune, tombée dans l'oubli. Myriam, ce n'est pas que la source d'eau c'est aussi la naissance de Moche. C'est elle qui a incité son père Amram (qui avait répudié son épouse) à reprendre la vie conjugale (" ton acte , lui avait-elle dit, est pire que celui de Pharaon").
C'est aussi elle qui surveillera son frère Moche jusqu'à l'arrivée de la fille de Pharaon.
Pourquoi cet oubli? Pourquoi ce manque de reconnaissance?
Cela ne peut s'expliquer que par l'habitude.
40 ans d'eau de source dans le désert: au début ce fut un miracle mais à force d'avoir de l'eau tous les jours ils ont fini par penser que cela était du à leur mérite (sources d'eau).
A la mort de Myriam les eaux s'arrêtèrent.
L'Eternel n'accorde un bienfait qu'à celui qui est reconnaissant, pas à celui qui n'a aucune reconnaissance.
Dans notre quotidien l'Eternel nous donne la vie, la nourriture, la santé...
Nous le reconnaissons dans la Amida ( modim) mais qui d'entre nous se concentre réellement sur tous ces mots? Ces prières deviennent trop habituelles.
A chaque instant des miracles cachés se produisent , nous sommes habitués à recevoir sans avoir une petite pensée pour Celui qui donne jusqu'au jour où le manque apparaît et c'est à ce moment précis que nous nous tournons vers l'Eternel.
L'habitude nous endort et empêche toute remise en question. La reconnaissance nous interpelle dans notre conscience.
I. BENAMARA
Références: Rashi
Keli Yakar
Guemara Taanit